Le résultat de toutes vos actions n’a pas d’importance. Ce qui prime n’est pas ce que vous faites, mais comment vous le faites et ce que vous apprenez en le faisant. Privilégiant le chemin plutôt que l’objectif, le sage taoïste est détaché de ses œuvres, ce qui est terminé n’a plus d’intérêt.

Chapitre LXXXI du Tao Te King

Le Saint n’accumule pas (les richesses).
Plus il emploie (sa vertu) dans l’intérêt des hommes, et plus elle augmente.
Plus il donne aux hommes et plus il s’enrichit.
Telle est la voie du ciel, qu’il est utile aux êtres et ne leur nuit point.
Telle est la voie du Saint, qu’il agit et ne dispute point.

Nos attachements sont multiples

Nous nous approprions, nous nous accaparons, nous accumulons tout au long de notre vie, submergés de vêtements, paperasses, objets, meubles, voitures…
Nous sommes enfermés dans des croyances, des religions. Esclaves de nos idoles, de notre guru, de notre éducation, de notre culture.
Nous sommes addicts au tabac, à l’alcool, au sexe, au luxe, au téléphone, à l’actualité, à la météo, au miroir…
Nous dépendons de la famille, du travail, de l’état…
Nous sommes attachés à notre apparence, prisonnier de notre ego surdimensionné, de nos proches, des honneurs qui nous sont faits…
Nous sommes asservis à nos ambitions, nos envies, nos appétits, nos jalousies, nos désirs égoïstes.

Connaissez-vous l’histoire de ce vieil hindou qui, voyant un enfant boire dans ses mains, brisa le dernier objet qu’il avait conservé : son écuelle de bois ?

Et si on pratiquait le détachement ?

Le détachement n’est pas de l’indifférence, ni du mépris, ce n’est pas non plus du renoncement ou du sacrifice. C’est ne rien garder pour soi, en usant et jouissant de tout, sans rien détenir ou retenir pour soi-même. C’est apprendre à tout relativiser, sans rien briser, sans rien profaner, en prenant juste de la hauteur et de la distance.

Celui qui pratique le détachement n’est plus dans la peur parce qu’il n’a rien à perdre. Ne rien accumuler libère de la crainte de perdre ce que l’on possède. Qu’est-ce qui est vraiment important ? Concrètement ? Le sage taoïste vous répondra que nous pouvons nous passer de presque tout. C’est ainsi que l’on obtient la liberté.

Au fond, il s’agit de se hisser vers le détachement spirituel en s’éloignant des préoccupations engendrées par un monde complexe et imprévisible. Dans les préceptes taoïstes, l’idée est de se détacher et d’accepter que le cours de la vie nous échappe, nous n’y pouvons rien.

Le petit conte qui va bien

Comme Tchouang-Tseu pêchait à la ligne au bord de la rivière P’ou, le roi de Tch’ou lui envoya deux de ses grands officiers, pour lui offrir la charge de ministre.
Sans relever sa ligne, sans détourner les yeux de son flotteur, Tchouang-Tseu leur dit :
– J’ai ouï raconter que le roi de Tch’ou conserve précieusement, dans le temple de ses ancêtres, la carapace d’une tortue transcendante sacrifiée pour servir à la divination, il y a trois mille ans. Dites-moi, si on lui avait laissé le choix, cette tortue aurait-elle préféré mourir pour qu’on honorât sa carapace, aurait-elle préféré vivre en traînant sa queue dans la boue des marais ?
– Elle aurait préféré vivre en traînant sa queue dans la boue des marais, dirent les deux grands officiers, à l’unisson.
– Alors, dit Tchouang-Tseu, retournez d’où vous êtes venus, moi aussi, je préfère traîner ma queue dans la boue des marais.

En complément :
Technique pour se détacher
La force du vide

 

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Marie Bertolotti