Victorine et son Sauveur
Victorine est une jeune femme adorable, mais tout l’angoisse. Elle souhaite se débarrasser de ses diverses peurs et phobies. Nous en discutons et décidons de travailler sur un épisode particulier de sa vie : ce jour-là, elle doit prendre un ascenseur pour se rendre à un rendez-vous important, elle est pétrifiée à l’idée d’être enfermée dedans. Elle cherche donc un escalier de service mais le seul existant est cadenassé.
Catastrophée, Victorine se perd alors dans ses angoisses, elle est face à cet escalier inaccessible, totalement paralysée et en pleurs, obligée de prendre l’ascenseur pour se rendre au rendez-vous prévu ou fuir. Alors qu’elle ne s’y attend plus, le gardien des bâtiments arrive, celui-ci comprend son problème, demande des autorisations et finit par lui ouvrir l’accès à l’escalier.
Elle l’appelle “SON SAUVEUR” avec tellement d’enthousiasme que les bras m’en tombent. Ça tourne dans ma tête un moment et tout à coup, ça s’illumine ! Je comprends ce qui se joue chez Victorine quand elle est en difficulté.
Les croyances de Victorine
Je l’accompagne depuis quelques semaines, je connais son parcours, Victorine a vécu entourée de sauveurs toute sa vie. A chaque difficulté, elle les a appelés et ils ont volé à son secours avec leurs Super Pouvoirs de Super Héros. Victorine s’est appuyée sur eux pour les nombreux problèmes importants que la vie a mis devant elle.
Aujourd’hui, elle en est là, elle ne s’imagine plus qu’elle est capable de se sortir de difficultés sans l’aide d’un “sauveur”, son cerveau se bloque, elle ne peut plus trouver les solutions, seule. Elle a ancré cette croyance qu’elle ne peut rien surmonter si un Super Héros n’arrive pas rapidement.
Ça va être mon job de déconstruire ces croyances pour qu’elle devienne une femme sûre d’elle. Déjà, parce qu’il n’y aura pas toujours un Super Héros prêt à voler à son secours, mais aussi parce que chaque être humain doit travailler à devenir le plus autonome possible, en particulier pour sa survie.
Mon grain de sel dans la vie des gens
- Il n’est pas toujours judicieux d’aider ou de sauver quelqu’un. Avant d’agir, il faut vraiment se demander si cela va rendre service à la personne.
- Pour se sortir des ornières, il faut réfléchir, développer sa créativité, agir, expérimenter, essayer, rater, à nouveau essayer et réussir enfin. Si quelqu’un le fait à votre place, vous ne développez rien et en aucun cas votre conscience et votre capacité à résoudre d’importantes difficultés.
- Chaque fois que la vie vous a mis des bâtons dans les roues et que vous avez trouvé des solutions, vous avez créé des circuits neuronaux. Ces expériences ont été stockées dans votre mémoire, prêtes à servir en cas de nouveaux pépins. Il faut donc vivre le plus d’expériences possibles pour savoir gérer de mieux en mieux, et ce, dès l’enfance. Vivre dans du coton, hyper-protégé trop longtemps met en danger.
- Il est important aussi de se rappeler que chaque fois que j’aide ou je sauve quelqu’un, je l’infériorise. Je lui fais croire que moi « Je sais » et que lui ne sait rien. Que moi je suis “capable”, et que lui non. C’est contre-productif, plus il va se sentir inférieur plus il va perdre sa confiance et plus il aura besoin d’aide.
- Prenons un exemple : un enfant hurle pour qu’on lui donne son doudou situé à 1 mètre de lui. Laissez-le se débrouiller, il peut aller le chercher. Cela l’aidera à se développer, à trouver une stratégie et à sortir de sa zone de confort. Il gagnera aussi en fierté et en confiance après avoir récupéré son doudou.
- À l’inverse, si vous vous déplacez pour lui donner, vous lui faites croire qu’il est incapable d’aller le chercher et que vous êtes absolument nécessaire à sa vie. Il peut aussi s’imaginer que toute sa vie, il sera aidé, ce qui est faux. Dans tous les cas, je vous laisse imaginer les conséquences.
Minute Papillon !
Bien évidemment, il est parfois très important de filer un coup de main, d’aider, et même de sauver. Votre fils a un accident de voiture, vous y allez, c’est normal, mais si ça fait 3 fois qu’il se fait virer de l’école et que vous rattrapez le coup en appelant le directeur… Là…
Interrogez votre conscience avant d’agir. C’est tout.
Petit conte à lire pour y voir encore plus clair
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Marie Bertolotti
