En Chine, la sagesse s’enracine dans une conviction simple : seule l’harmonie entre l’être humain et la nature permet d’accéder à la paix intérieure et à la compréhension du monde. C’est le fondement du taoïsme. Suivre la Voie du Tao, c’est s’accorder aux lois naturelles, placer son cœur et son esprit dans le flux vivant de l’univers, plutôt que de lutter contre lui.
L’humain dans l’univers
Le taoïsme nous rappelle d’abord que l’homme fait corps avec l’univers. Tout est relié, et rien n’est figé : l’univers est en perpétuelle évolution, le changement est la seule permanence. Vouloir dominer la nature ou résister à ses lois, c’est se condamner à l’inquiétude et au malheur. La sagesse, au contraire, naît de la modestie, de l’accueil et de la soumission aux rythmes naturels.
La Voie et la Vertu
Cette vision a été mise en mots par Lao-tseu dans le Tao Te King, « Le Livre de la Voie et de la Vertu », texte fondateur du taoïsme. Contrairement à bien d’autres traditions, ce livre n’oppose pas les forces du mal à un bien absolu. Rien dans l’univers n’est intrinsèquement mauvais : le bien a besoin du mal et inversement, comme le jour a besoin de la nuit. La morale taoïste est intérieure. L’homme sage agit de façon juste parce qu’il est en équilibre, non par peur d’une sanction divine. L’erreur, dans cette perspective, n’est pas une faute : elle est le signe d’une ignorance, une étape sur le chemin de l’apprentissage.
Les paradoxes, clés de sagesse
Pour éveiller à cette compréhension, le taoïsme utilise volontiers des paradoxes. On trouve dans le Tao Te King des phrases déroutantes comme : « Celui qui sait ne parle pas, celui qui parle ne sait pas », ou encore « La faiblesse est plus forte que la force ». Ces formules, en bousculant notre logique habituelle, visent à défaire les conditionnements, à nous pousser à penser autrement, ou plutôt à ressentir au-delà de la pensée.
L’expérience vécue avant tout
La voie du Tao s’éprouve dans l’expérience vécue. Le taoïsme ne se réduit pas à une théorie abstraite. Chacun est invité à créer son propre chemin, à s’ancrer dans le quotidien, à transformer la réflexion en action concrète. C’est dans la simplicité des gestes de chaque jour que la sagesse peut s’incarner.
Liberté et responsabilité
Le taoïsme se distingue aussi par son esprit de liberté. Il ne propose ni hiérarchie, ni dogme, ni volonté de convertir. Chaque individu est responsable de sa propre existence, de son équilibre affectif, social, spirituel et même de sa santé. Agir en désaccord avec les lois de la nature, c’est inévitablement récolter le désordre, l’isolement ou la souffrance. Chacun doit donc vivre en pleine conscience de ses actes et de leurs conséquences, avec l’idéal de ne laisser que peu de traces après sa mort.
Les outils du taoïsme
Pour avancer sur cette voie, de nombreux outils existent : marcher dans la nature, pratiquer la méditation, la respiration consciente, le Qi Gong ou le Taï Chi, ralentir ses gestes, développer l’attention aux cinq sens. Ces pratiques visent toutes à cultiver l’harmonie, à la fois en soi et autour de soi.
L’art de vivre taoïste
Vivre selon le Tao, c’est aussi un art de vivre. Être authentique, sans masque, permet de ne pas s’épuiser à entretenir une image artificielle. Choisir la simplicité et bannir les excès protège notre énergie vitale et nous ramène à l’essentiel. Apprendre le détachement et l’humilité, c’est cultiver un ego stable, capable de traverser succès et échecs sans se laisser emporter. Enfin, le taoïste sait s’émerveiller et rire : il contemple la beauté partout où elle se trouve, il dédramatise les vicissitudes de l’existence, il avance dans la vie comme dans un jeu, attentif et détaché à la fois.
En bref
Le taoïsme n’est pas seulement une philosophie : c’est une manière de vivre, simple, libre et joyeuse. Il nous invite à renouer avec la nature, à être pleinement nous-mêmes, à trouver l’équilibre dans la modestie, le détachement et l’émerveillement. Suivre le Tao, c’est choisir la voie de l’harmonie et, peu à peu, cheminer vers la sagesse.
Le conte entre Taoïsme et Zen
Alors que Bankei, le grand maître zen, enseignait au temple de Ryumon, un prêtre Shinshu, jaloux de son auditoire impressionnant, voulut discuter avec lui.
Bankei était en train de parler lorsque le prêtre se présenta, et celui-ci provoqua un tel désordre que Bankei s’interrompit pour lui demander ce qu’il voulait.
– « Le fondateur de notre secte, dit le prêtre avec arrogance, avait des pouvoirs si miraculeux qu’il pouvait écrire son nom alors qu’il se tenait sur l’une des rives du fleuve, un pinceau à la main, et que son serviteur était sur l’autre rive avec une feuille de papier. Es-tu capable d’une chose aussi remarquable ? »
Bankei répondit d’un ton léger :
– « Ces tours de passe-passe ne sont pas dans la manière du Zen. Mon miracle à moi, c’est de manger quand j’ai faim et de boire quand j’ai soif. »
Pour compléter le sujet : Les 8 grands principes Taoïstes
Tiré de l’enseignement donné par F. Ducotterd au Cercle Taoïste Lyon
Desirdetre.com Des clés pour une vie plus sereine et saine
Marie Bertolotti
Crédit Photo : Pixabay
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Merci de tous vos commentaires, je me nourris l’esprit de toutes vos écritures. J’aime le passage sur la responsabilité. Nous sommes tous responsable de notre vie. Avant je prenais vite pitié d’une personne dans la détresse. Aujourd’hui j’ai de la compassion et je me pose la question » qu’a telle fait pour en arriver là » ? Je me connais beaucoup mieux pour être bien dans ma tête. J’oublie pas que le chemin est jamais terminé Mais l’avoir pris c’est déjà une grande richesse. Encore merci et heureuse de vous lire.
bonjour, je viens de lire le dernier message, et je me faisais la réflexion suivante, ne pas agir quand on vois quelqu’un souffrir, et se poser cette question, c’est aussi passer à coté d’une aide, même d’écoute cela peut suffire. je ne me demanderais pas qu’a telle fais pour en arriver là, cela est aussi le moyen pour se croire supérieure à cette personne. La compassion c’est être proche ou essayer, de la personne souffrante.
Compassion pour moi, c’est avoir le regard remplis d’humilité envers tout ce qui nous entour.
@Eric
Je pense qu’il ne faut pas materner mais nous pouvons agir en effet. Nous pouvons être dans la compassion et dans l’écoute mais ne pas faire à la place de la personne qui souffre. Elle est responsable de sa vie et faire à sa place c’est l’empêcher de prendre sa vie en main.
Est-ce que, en fin de compte, c’est dès lors qu’on ne juge pas qu’on peut être capable de compassion? Je cherche à faire cela mais c’est parfois ardu…
Merci beaucoup pour votre site très instructif.
@Anne-Marie
Je sors d’une formation où nous avons parlé du jugement, en fait, en jouant avec les mots, le juge-ment.
Vous avez raison, nous ne pouvons pas être dans la compassion si nous jugeons l’autre. Et c’est ardu de ne pas juger. Je pense que le jour où nous avons vu que nous ne sommes pas parfaits, nous acceptons alors que les autres ne le soient pas non plus.
Merci à vous, Marie
Oh c’est mignon. J’avais « inventé »:
Règlement: nom commun composé féminin, la règle ment.
La réalité est trop riche pour qu’une règle puisse être constamment appliquée sans aller à l’encontre des principes qui ont permis de l’établir…
Savoir écouter la personne pour moi c’est déjà de la compassion, par contre avant je prenais en pitié, sa c’est terminé, je me suis rendu compte que je me mettais en difficulté et que l’autre finalement s’en sortait bien. Aujourd’ hui je sais que nous sommes responsable de notre propre vie. J’ai appris que nous avons tous du positif et du négatif et je serai attiré vers la personne qui me ressemble.
Bonjour, je ne pensai pas à materné, j’ai crée , il y a quelque année une association qui a pour but d’apporté une aide d’écoute, (sans prendre la place au professionnel de la psychologie) pour les personnes victimes d’inceste ou de pédophilie. La base de l’aide que l’on apportes à ces personnes de tout ages(majeur) et de les posaient en personne libre de s’exprimé celons leur sentiment d’existences du moment présent. Quand ont écoute ces personnes, il n’y a aucun jugement ni pitié. Ont se doigt d’être attentif à la personne en souffrance de façon à qu’elle se sente respecter, existante. Et de cette façon elle vient elle même à trouver là ou les forces de combattre le mal qui lui a été fait. La conclusion est que sa vie ou sont passé, ses souffrances ont ne les choisie pas toujours.(Ont n’est pas toujours responsable de notre vie, sur tout lorsque, on vous là volé, les dégas sont immenses.)
Mes dires ne se veulent sur tout pas être moralisateur, mais je reste persuadé que les gens ne choisisses pas les maux dont ils souffrent, et qu’avoir un cœur écoutant et parfois suffisant, mais pour cela il faut que nous même nous soyons en accord avec nous même. Ont ne peut pas aider si nous nous somme pas aidé nous même, comme ont ne peut pas aimé si l’ont ne s’aime pas sois même.
En qu’a bravo pour votre site, et le sens profond de vos réflexions, j’aime.
Moi aussi j’essaie de réglé quelques problèmes avec moi-même dont certaines choses que vous avez citez juste en vous lisant j’ai compris.
Merci
@detox :
Il s’agissait de l’expression : « Ni Dieu, ni maître »
On la doit à Louis Auguste Blanqui, journaliste aux idées révolutionnaires du XIXe siècle et créateur du journal intitulé : « Ni Dieu, ni maître ». Le journal a disparu, mais son slogan, lui, a survécu, passant dans le langage pour désigner un esprit libre.
Bonne journée, Marie
Dieu, taoïsme,boudisme, tout n’est qu’amour il suffit juste d’ouvrir sont coeur. Et là, seulement là ont commence a ne faire qu’un avec dame nature. Mais rien ne reste acqui. Vous devriez lire le dalaï lama parle de Jésus. En tournant les pages, en découvrant les mots, on s’aperçoit que les deux ne fond qu’un.
Bonjour, merci bien, tout à fait d’accord avec ce que vous écrivez. Bon chemin.
bonjour je viens d être taoïste sans crainte j en ai fait trop du bien et d après l exercice je reconnais aujourd’hui hui a travers mes partenaires que celui qui fait du bien a une personne sème la jalousie dans le cœur d une autre personne donc l univers est la seule grâce du bien et son salut est la seule réponse de la reconnaissance de soit.
Merci bonne leçon
Je suis particulièrement heureux de lire ces différents points de vue des uns et des autres sur les enseignements du taôisme et de la nature. Nous ne sommes toujours pas responsables des actes que nous posons; il y a l’influence de l’espace vital, des médias, des hommes et de la nature. Le plus influent est la nature, car il est difficile de maîtriser la nature, que j’appelle affectueusement Dieu; le grand inconnu. Qui est Dieu, il est où, sa nationalité, sa race, sa couleur, etc. Selon ma petite expérience de la vie, l’homme se réfère généralement à Dieu quant -il ne peut rien faire pour lui-même et pour autrui, et aussi par lui-même. L’homme est un être extrêmement égoïste et orgueilleux. Son seul bute d’attachement à Dieu, c’est parce qu’il est incapable de tout faire quand il veut et comment il veut. Donc, la raison fondamentale pour laquelle l’Homme évoque ironiquement le nom de Dieu dans l’accomplissement de ses actes. Au regard de cette réalité implacable, j’ai trouvé que parfois les hommes aiment facilement s’abandonner entre les mains de Dieu pour n’importe quelle petite chose à faire. Je trouve cela aberrant et infantilisant. A contrario de ces comportements des humains enfantins, j’ai estimé que l’homme a aussi un effort à fournir pour se rendre tant soi peu indépendant de Dieu. Et c’est à travers les enseignements des courants philosophiques, notamment le taoïsme que l’homme pourrait se former, s’informer et s’harmoniser avec la nature. Merci encore pour vos enseignements…
ouah que d’échanges intéressants…nous sommes nés pour mourir et inversement nous mourons pour renaître tant que nous n’aurons pas pris conscience de la Réalité dans sa globalité… La philosophie est là pour nous apporter des réflexions sur nos interrogations mais c’est à nous seul de se prendre en main « pensées, paroles, actes » le choix est vaste mais il suffit d’une seule pensée, d’une seule parole, d’un seul acte pour que tout soit parfait… A méditer…
Il s’agit la plutot du taoisme a l’occidentale, une espece de version « new age ». C’est tres different du Daoisme chinois. Dans le Daoisme chinois, il existe des dieux, tres nombreux, des demons, des paradis et des enfers, une morale tres stricte, des rituels, des pretres, des temples, etc. Le Dao n’est pas non plus la nature mais en tant que createur de la nature il la transcende. S’unir avec le Dao ne consiste donc certainement pas simplement a « suivre la nature » mais bien en une ascese spirituelle assez ardue. On en trouve la trace deja dans le Daodejing et le Zhuangzi (zuowang), ensuite dans toute la tradition daoiste et ses nombreuses pratiques spirituelles, de l’observation des dieux internes a l’alchimie interieure.
Le taoïsme est un mouvement contradictoire. Il est dit que taoïste est un anarchiste spirituel,ce qui implique qu’il est exempté de hiérarchie et de règles. Pourtant, un taoïste doit observer les lois de la nature ,sinon il est sanctionné. Il aura un manque d’harmonie, un isolement et des afflictions. C’est triste ça.
Le taoïste se doit d’être modeste face à l’univers, à la nature et ce qu’elle impose. Non ce n’est pas cohérent. Moi je suis l’univers, j’ai possession de tous mes pouvoirs et je n’ai pas peur de l’univers. Je n’ai pas peur de ce que j’aime… Je n’ai pas peur de ma dimension. Je fais un avec elle. Parlant de nature, on sait tous que Dieu et l’homme ont créé la nature, ils ont même donné des noms aux différents éléments de celle ci. Alors, la nature ne m’impose rien. J’aime la nature : j’aime les animaux, j’aime les arbres, j’aime la pluie, j’aime le soleil, j’aime la lune, j’aime la mer. Et je décide volontairement d’être modeste face à elle, face à tant de beauté. Ce n’est pas un devoir, ce n’est pas une obligation.
Votre site et son contenu sont purement magnifiques!
Le Tao, tout en étant sans doute la voie de la sagesse plus ancienne, se révèle d’une étonnante modernité… C’est encore plus frappant quand on lit le Tchouang Tseu que le Tao te King (plus obscur à saisir)… Merci pour vos articles.
Bonjour à tous. J’apporte mes compléments à la discussion.
Dieu.
Ma traduction du TAO TE KING indique que le TAO est plus ancien que Dieu. Donc au moins Lao Tseu n’excluait pas Dieu sauf si traduction incorrecte mais elle me paraît de qualité. Mon concept de Dieu est parfaitement compatible avec le TAO mais il est évidemment antérieur au TAO, par définition (la mienne: Dieu = tout + Dieu).
Ni Dieu Ni Maître n’est possible qu’à la condition de prendre Dieu pour Maître.
La vérité.
Tout est vrai y compris son contraire mais certaines choses sont plus vraies que d’autres notamment cette phrase-ci.
Je conçois une première vérité indémontrable qui est « je suis actuellement une conscience » : j’en suis absolument certain et je dois l’être. C’est le début de tout. Ensuite, une autre vérité indémontrable vient et c’est « Dieu » ou « Le TAO ». Elle passe par la reconnaissance de l’autonomie de ce qui n’est pas moi (il y a le « Je », ensuite le « Tu » et enfin le « Il » à savoir Lui, Dieu, le Tao).
Toutes les autres vérités n’en sont pas. Elles ne sont que le fruit d’un consensus pour les vérités scientifiques et pour les autres, elles deviennent fausses une fois qu’on les a bien intégrées comme vraies. En effet, une fois qu’on a « bien compris », on se rend compte qu’on n’a en fait pas encore vraiment bien compris et qu’il faut reformuler ce qui était une vérité l’instant d’avant. Il se peut même que ce soit le contraire qui devienne vrai. Le vrai devient faux dès qu’il est vrai en quelque sorte, simplement parce que soudain on se rend compte que le contexte est plus riche que celui qui rendait vrai le vrai précédent. On peut s’y amuser mais mieux vaut ne pas s’y éterniser…
Enfin, une autre vérité s’impose : rares sont les textes dont chaque passage est parfaitement défini, à part les textes sans intérêt et même cela est faux, il suffit de lire Wittgenstein. Donc il faut non seulement lire et relire et ne pas s’arrêter à un passage mais surtout essayer de saisir le sens général du texte, avec bienveillance et sans chercher la petite bête. J’espère ne pas en avoir donné l’impression…
Les exercices du Qi Gong que préconisent le taoisme pour se développer spirituellement et physiquement sont d’une efficacité stupéfiantes. Les postures qui évoquent les forces créatrices de l’univers et de tout sont d’une puissance inimaginable. L’immortalité n’est pas un mythe.
Dread Lion
Merci de votre témoignage ! Bonne continuation ! Marie
Bonjour
je vous adresse un extrait d’un poème autour du Tao. Si ces pauvres mots retiennent votre attention vous trouverez ce texte sur mon blog demain (7Mai): Effleurements livresques, épanchements maltés – https://blog.holophernes.com
J’ai écrit beaucoup autour de poètes, bibliques, taoistes ou non……
Bonne lecture
‘Mes yeux caressaient les mots d’un vieux Chinois,
j’errais dans son ironie,
je rêvais ses subtiles profondeurs…’
© Mermed