“ La violence est le dernier recours de l’incompétent. ”
-Isaac Asimov-
L’agression verbale
Qu’est-ce que l’aïkido ?
L’aïkido verbal est une technique dérivée de l’aïkido, inventé par le japonais Morihei Ueshiba. Cet art martial a pour principe de rechercher dans toute situation de combat ou de conflit potentiel, la neutralisation de l’adversaire, sans lui faire de mal.
Aï-ki-do : La voie de la convergence des énergies.
On pourrait donc définir l’Aïkido comme un art martial en forme de self-défense ayant pour principe la non-violence et dont le but est d’obtenir le désarmement volontaire de l’agresseur.
Vous ne faites donc pas d’aïkido si vous cherchez une méthode pour vous battre dans la rue ou encore une façon d’être le héros de votre rue. Il n’y a pas de compétition en aïkido (pas de vaincus et de vainqueurs), la finalité de l’aïkido n’est pas de se battre, mais d’arrêter de se battre.
Ses exécutants cherchent surtout l’évolution personnelle. Ils testent leurs compétences physiques, mentales et spirituelles dans la pratique, ils ne sous-estiment pas leurs adversaires, mais tentent de les comprendre et d’apprendre d’eux.
Et si on améliorait notre gestion des conflits verbaux grâce à l’aïkido verbal?
Partant du principe de base de l’aïkido, des chercheurs ont cherché à appliquer l’aïkido dans les rapports humains, ils développèrent ainsi le concept de L’AÏKIDO VERBAL. Ils découvrirent une manière excellente d’éviter et / ou de gérer les conflits quotidiens. Le but étant d’apporter plus de paix et de sérénité à la vie.
Comme toute technique, c’est quelque chose qui s’apprend et les meilleurs bénéfices s’obtiennent avec la pratique.
L’idée principale est qu’en recevant une agression verbale, il est primordial de préserver son calme et sa sérénité. Nous savons tous qu’une attaque verbale peut déclencher de nombreuses émotions négatives qui peuvent nous faire perdre pied. Il est donc fondamental de garder un grand calme intérieur en nous concentrant sur l’objectif de résolution du problème, et non pas de son aggravation.
Comment réagir à une attaque ?
La première chose à faire est de ne pas réagir de manière automatique, mais d’employer la force de l’attaque pour retourner la situation. Cela doit nous guider vers la même direction que celle qui intéresse notre attaquant. Au lieu de le regarder depuis l’autre côté, l’idée est de VOIR CE QUE L’AUTRE EST EN TRAIN DE REGARDER. En fait, c’est se mettre à sa place.
Cela s’obtient uniquement si au lieu de nous préoccuper de notre réaction, nous nous concentrons sur L’ÉCOUTE, afin de tenter de comprendre le point de vue de l’autre.
Un exemple : Quelqu’un lance l’attaque verbale suivante :
“Tu as une belle voiture. Comment as-tu fait pour te la payer avec ton salaire de minable”.
En employant la technique de l’aïkido verbal, la réponse pourrait être :
“Il est très frustrant de beaucoup travailler comme tu le fais et de voir que tu ne peux pas te payer tout ce que tu désirerais. Je comprends tout à fait ta colère”.
Dans cet exemple, on évite d’entrer dans la dispute avec la personne qui a lancé l’attaque. On répond en se mettant à sa place. Cela positionne le conflit dans un autre contexte.
Derrière une attaque verbale se cache quasiment toujours une personne qui souffre.
Les principales techniques
L’aïkido verbal comprend donc quelques techniques spécifiques pour faire face à des attaques.
Consentir et céder : On l’utilise lorsque l’attaque ne nous met réellement pas en danger et se montrer répétitive. Cela implique de reconnaître que le point de vue de l’autre peut avoir sa part de vérité, mais en conservant sa propre opinion et en le faisant savoir.
Flatter : On utilise la flatterie lorsque le désaccord trouve son origine dans le désir de l’autre de se montrer supérieur.
Répliquer de manière désintoxiquée : Cela implique de répondre à l’agression de manière interrogative. Cela a deux avantages principaux. D’une part, cela permet à l’autre d’évaluer la raison de l’attaque. D’autre part, cela nous donne une petite marge de temps pour nous calmer et ne pas réagir de manière violente également.
Constater objectivement : Cela consiste à faire voir à l’autre que nous remarquons son malaise envers nous. On lui affirme que l’on souhaite résoudre le différend grâce à une communication saine. Cela équivaut à la formule “Je vois bien que mon idée ne te plaît pas, mais je voudrais t’expliquer pourquoi je pense ainsi”.
Se confronter : C’est une technique qui permet de mettre une limite ou un frein à un manque de respect ou à une agression verbale démesurée. Cela correspond à quelque chose comme ceci : “Il se peut que j’aie commis une erreur, mais tu n’as pas le droit de me traiter ainsi”. Il est alors important de modérer le ton : Dans ce cas, on cherche à faire prendre conscience à l’autre de l’existence d’une offense qui ne sera pas acceptée. Cela reviendrait à : “Si tu continues à me parler ainsi (et sur ce ton), je vais en finir avec cette conversation”.
Finalement, ce que recherche l’aïkido verbal est une gestion intelligente du conflit. Sans dépense d’énergie dans ce qui n’en vaut pas la peine et en dépensant uniquement ce qui est nécessaire. L’idéal est d’apprendre dans un premier temps à compter jusqu’à 10, pour ne pas réagir agressivement et d’ensuite, d’appliquer la meilleure technique possible.
Qu’en est-il de l’agression corporelle ?
Le combat
Un combat est un contrat qui oblige 2 personnes à l’honorer. Dès lors, une prise de position combative nous fait rentrer dans le contrat avec les dégâts qui suivront forcément. Dans un conflit, il faut être 2 et il y a toujours 2 perdants : Je blesse ou je suis blessé. La vraie noblesse est d’être supérieur à celui que vous étiez. Le véritable guerrier connait les conséquences de la guerre et préférera perdre plutôt qu’humilier.
Bruce Lee expliquait : “Mieux vaut fuir que combattre, mieux vaut laisser l’autre avec son égo”.
Le combattant
Un bon guerrier sait que la colère est dangereuse pour sa survie. Dans l’émotion d’un affrontement, je n’ai plus conscience de tous les paramètres, de la cause, des conséquences, je m’expose et donc, je peux mourir. Le combattant habile est calme, il a la tête froide, il est sans violence, sans émotion et sans haine. Il va alors limiter les risques et les dégâts. Il sait que s’il arrive à mettre l’adversaire en colère, à niveau égal, il remportera le combat.
En cas de combat, le sage accepte l’humiliation
Comment ? En acceptant de perdre, en se mettant à genoux. Le conflit, quel qu’il soit, ne pourra pas perdurer s’il se soumet. Cela évitera l’escalade de la violence et la vengeance. Il est toujours très dangereux d’humilier un ennemi surtout s’il a beaucoup d’égo.
Votre intuition vous dira aussi si vous devez lâcher, ou pas, un combat. Quand l’autre ne peut pas changer, il vaut mieux perdre la face pour l’apaiser. Par contre, si vous sentez qu’il est à la limite du changement, vous combattez, mais alors vous êtes à son service, votre but n’est pas de prouver que vous avez raison mais de le faire grandir.
Chercher à avoir confiance en soi est une erreur, il vaut mieux chercher l’humilité, c’est à dire apprendre à perdre. Chaque fois que vous gagnez, votre ego se développe. L’apprentissage vers la sagesse est dans la défaite. Quand vous simulez l’humilié, vous forgez votre esprit.
Faut-il vraiment gagner ?
Il faut intégrer que gagner un combat ne dépend pas que du physique, de l’entrainement, ça dépend aussi des lois de l’univers. Si vous avez une leçon à apprendre, rien n’y fera, vous perdrez.
S’entretenir pour battre l’autre est vain, vous trouverez toujours plus fort que vous. Mieux vaut chercher à être Soi. Que voulez-vous obtenir en améliorant vos capacités ? Si c’est pour être autonome, être bien, pas de soucis, si c’est pour battre l’autre, c’est-à-dire valoriser votre ego, ça ne sert à rien.
Le vrai gagnant est celui qui n’entre pas dans l’arène, qui ne va pas au conflit, qui est capable de sentir qu’il pourrait y aller et qui, pour autant, n’y va pas.
Ce n’est jamais acquis, cela demande beaucoup de vigilance, c’est ainsi que le sage développe sa spiritualité.
Vous pouvez grandir dans la défaite car plus vous progressez spirituellement plus vous savez que vous êtes petit. La vie est un jeu sans gagnant et sans perdant, juste des expériences avec des enseignements à tirer. Nous devons faire en sorte de continuer le jeu avec plaisir et décliner les provocations. Sourire est plus difficile que se battre, le sage peut être lâche, sans problèmes.
Principes martiaux si vous devez vous battre :
- Ne pas se trouver dans cette situation
- S’enfuir
- Si ce n’est pas possible, faire semblant d’avoir peur. Ne pas regarder l’autre dans les yeux.
- Si ce n’est pas possible, s’approcher très près, frapper très rapidement, de façon à ce que l’autre ne voit rien et ne puisse pas comprendre la technique.
Plus je m’approche moins il la voit.
« Même si la lame d’un couteau est aiguisée, comment pourrait-elle vous blesser si vous ne la touchez pas ? »
En complément : Les principes du guerrier pacifique
Tiré de l’enseignement donné par F. Ducotterd au Cercle Taoïste Lyon
Desirdetre.com Le blog des clés pour une vie plus sereine et saine
Marie Bertolotti
Superbe article ! En plus, vu que je ne sais pas me battre – et ne le veut pas non plus – je peux toujours sortir cette phrase de Bruce Lee : « Mieux vaut fuir que combattre, mieux vaut laisser l’autre avec son égo ». 😀
Celle-ci est pas mal non plus : « La vraie noblesse est d’être supérieur à celui que vous étiez, pas à l’autre. »
J’ai toujours été plus ou moins attiré par les arts martiaux, parfois plus, parfois moins. Plus jeune, je regardais avec fascination les films d’action où il y a plein de bastons. Ce que je cherchais vraiment – même si je ne le savais pas encore – ce n’était pas d’être plus fort que l’autre mais, comme le dit la phrase plus haut, être plus fort que moi-même, ce ” moi ” qui nous met en colère, nous fait perdre le contrôle de ce que nous sommes, comme si nous devenions quelqu’un – ou quelque chose – d’autres. À ce moment nous perdons nos valeurs, nos espoirs, notre regard bienveillant sur l’autre et sur nous-même. À ce stade, je crois que le mieux qu’il puisse nous arriver est de se faire blesser dans le combat, sinon physiquement, au moins à travers l’égo en perdant de façon ridicule. Au moins, ce sera une bonne leçon, car, gagner le combat à ce moment-là serait, à mon sens, une lourde défaite. D’une part cette victoire nous placerait pas aussi bien en face la réalité de ce que nous venons de faire que si nous perdions, d’autres part, nous ajouterions les blessures de l’autre à notre conscience. C’est une blessure dont on guérit moins bien que les souffrances de l’égo, c’est pourquoi je préfère ces dernières.
En somme, je voulais apprendre les arts martiaux pour apprendre à ne pas me battre avec noblesse. Ainsi habitué aux conditions du combat j’aurais pu concentrer mon énergie à écouter l’autre afin de mieux l’aider, le comprendre et le calmer. Quand nous ne sommes pas habitués à combattre, ce qu’il y a de dramatique ce n’est pas que nous risquons fortement de perdre le combat, c’est que nous risquons de perdre la disposition qui nous offre la possibilité d’aider l’autre, momentanément, dans son combat intérieur. C’est sans doute là une technique difficile à acquérir.
Bonjour Marie,
Eh bien c’est un plaisir de venir ici voir et commenter vos articles. Ils apportent la sagesse par petite touche et ça me plaît bien.
Mon prénom c’est Samuel.
Bonne journée. 🙂
Excellent article. Cela me rappelle “l’art de la guerre” de Sun Tsé, le meilleur ouvrage de stratégie de tous les temps
Dans toute compétition il y a 2 morts.
Le 1er c’est le “vaincu”
Le 2ème c’est le “vainqueur”, car il est impossible à un Être Humain de vivre seul.
Nous naissons dépendants et nous le restons.
C’est ce que nous avons à intégrer et ça facilite la naissance de l’Amour.
Deux compléments en espérant qu’ils ne sont pas en contradiction avec l’article.
Le premier: avant d’être conduit à faire semblant d’avoir peur, ne pas avoir peur, jamais. Cela demande de l’entraînement, je l’ai découvert avec les chiens. La peur créée le danger, ce n’est pas qu’elle ne l’évite pas, elle le créée. Evidemment, en faisant semblant d’avoir peur, rester confiant. On pourra toujours avoir peur après coup, juste pour évacuer le stress ou se faire plaisir.
Le second: choisir d’éviter le combat permet de décider de tout ou partie des conditions de la défaite, cela peut suffire à remporter de fait le combat, cela peut aussi fournir les bases d’une revanche honorable pour les deux parties.
Je crois que je viens de comprendre l’intérêt des arts martiaux: savoir qu’on gagne si l’on combat permet de choisir plus facilement la défaite et on doit aussi devenir capable des mêmes prouesses que quand on est en colère en plus efficace puisqu’on doit devenir capable de ne plus être en colère.