« Tout ce qui te dérange chez les autres, c’est seulement une projection de ce que tu n’as pas résolu en toi-même ». Bouddha
La question du jour est fondamentale, car la problématique de la projection se pose constamment dans les rapports humains.
Un mécanisme de défense
La projection consiste à attribuer, à quelqu’un d’autre que soi, ses propres affects parce que l’on ne les assume pas. Par exemple, un individu très jaloux envers son conjoint qui l’accuse de tromperie alors que c’est lui-même qui a des pensées infidèles.
C’est aussi, notre façon de percevoir les autres au travers de notre propre grille de lecture émotionnelle, c’est-à-dire, en étant subjectif. Exemple : une personne qui a des problèmes de colère peut accuser les autres d’être colérique.
Parce que nous ne voulons pas nous voir tels que nous sommes vraiment, nous avons mis au point ce mécanisme inconscient qui permet d’incriminer les autres plutôt que soi-même. Agir ainsi nous évite un inconfort émotionnel, mais nous empêche de progresser sur le chemin de la connaissance et de l’acceptation de soi.
Est-ce vraiment une projection et que faire ?
Comment savoir si ce que je relève comme un défaut chez autrui est dû à une projection de ma part ou si cette imperfection est objectivement bien présente chez lui ? Le meilleur critère est le degré d’irritation et de rejet que m’inspire ce « défaut ». Si je me contente de le constater, de l’observer sans jugement ni condamnation, c’est qu’il n’a pas d’écho en moi. En revanche, si je suis dans une forte réaction émotionnelle, que mon humeur s’en trouve affectée, que je suis dans le jugement et le rejet, il est plus que vraisemblable qu’il y a eu un effet miroir entre l’autre et moi.
Si j’ai pu identifier chez moi cette part inconsciente que je projette, le processus consistera à la reconnaître comme mienne et à prendre mes responsabilités à son égard. Cela suppose de l’accueillir avec bienveillance et amour. Par exemple, reconnaître que je peux avoir en moi des aspects jaloux peut être bénéfique, je peux travailler les raisons de ce comportement et avoir une relation amoureuse plus sereine.
Se libérer des projections des autres
Il est tout aussi important de ne pas se laisser enfermer dans les projections que les autres font sur nous. En effet, toute projection à notre égard vient nous mettre dans un cadre rigide, dans un rôle assigné qui n’est pas nous. Il est important de remettre en question les étiquettes qu’on nous a mises sur le dos par le passé.
Lorsque quelqu’un me catégorise ou me critique, comment ne pas me laisser influencer et déstabiliser ? Si je suis à même de me centrer, si mon mental est calme, il devient plus facile de distinguer ce qui, dans une critique m’appartient et ce qui appartient à l’autre. De même, si le critiqueur est survolté émotionnellement, je ne me sens jamais concernée. Dans ce cas, je renvoie l’ascenseur à son propriétaire, au moins mentalement.
Tel est le message du deuxième accord des célèbres Quatre accords toltèques : “La critique émise par autrui ne me concerne pas vraiment, elle ne me transmet que sa vision du monde : Ce que vous pensez, ce que vous ressentez, c’est votre problème, pas le mien. C’est votre façon de voir le monde. Cela ne me touche pas personnellement, parce que vous n’êtes confronté qu’à vous-mêmes, pas à moi. D’autres auront une opinion différente, selon leur système de croyances” – Miguel Ruiz.
Comment réussir à moins projeter ?
Une des premières choses à faire pour moins projeter est de nous responsabiliser : qu’est-ce qui se passe dans cette altercation ? En quoi suis-je en cause ? Dans cette option, la personne dont le comportement m’exaspère ne sera plus vue comme insupportable, mais comme quelqu’un qui entre dans ma vie pour me faire avancer. La sagesse bouddhiste va jusqu’à dire que nos meilleurs maîtres dans la vie sont nos pires ennemis, ceux qui nous font le plus souffrir.
La thérapie peut également être utile pour comprendre les causes profondes de la projection et développer des stratégies pour y faire face. En travaillant sur soi-même, son histoire et en apprenant à gérer ses émotions de manière plus saine. Ainsi, on peut, non seulement améliorer ses relations avec les autres, mais également accroître sa propre estime de soi et son bien-être mental général.
Il est vraiment important de prendre conscience de ses propres émotions et de les exprimer de manière appropriée et saine plutôt que de les rejeter sur les autres.
Dernier point : rappelez-vous que le mécanisme de la projection s’articule avec la loi d’attraction. Tant que je n’accueillerai pas ma part d’égoïsme (par exemple), mon entourage me reflétera cet égoïsme et j’aurai le sentiment désagréable de n’être entouré que d’égoïstes. Le mécanisme sera sans fin.
« Quand vous pointez un doigt vers quelqu’un ou quelque chose, trois doigts de votre propre main pointent vers vous ».
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Marie Bertolotti
Bonjour Marie,
j’aime beaucoup ton texte car il est au centre de la relation humaine ; nous sommes des Êtres de relation et nous ne pouvons pas nous séparer de ceux avec lesquels et par lesquels nous communiquons. Les interactions sont nombreuses et servent parfois à se dédouaner de tel ou tel travers. Mais je ne pense pas que dans une relation qui dysfonctionne, il y ait une des deux parties qui soit toute blanche et l’autre toute noire. Oui, je critique l’autre en fonction de mes faiblesses mais l’autre ne doit il pas s’interroger pour comprendre ce qui, chez lui, a provoqué l’expression de ces faiblesses chez moi ?
Le travail sur la relation entre les humains, l’expression des émotions, ce n’est pas simple. En simplifiant trop, peut-être que l’on met de la buée sur le miroir. D’ailleurs la ville accuse la mer de modifier son reflet, ce qui est vrai car l’eau est toujours en mouvement ; mais ma ville n’est-elle pas responsable de la pollution lumineuse… ?
Bonsoir Jacques,
à nouveau merci pour toutes vos contributions aux articles du blog, c’est toujours très judicieux.
Cette fois-ci encore, vous avez raison, le travail doit se faire des 2 côtés et je dirais même surtout chez celui qui reçoit la projection. Il m’est souvent arrivé de monter dans les tours suite à une réflexion, puis de travailler mon émotionnel parce que oui, l’autre est aussi mon enseignant. A bientôt Jacques !