Développer la sagesse permettra d’atteindre l’équilibre du corps et de l’esprit, elle conduira à la force intérieure, au bonheur de vivre tout en étant en conscience. Pour y accéder, chacun pourra travailler ces 12 vertus, dans l’expérience de la vie de tous les jours.
1 – L’humilité
Le terme vient de “bas”, proche de la terre, humus, humiliation. Est humble, celui qui se considère comme en dessous, mais sans se déprécier. C’est penser que « l’autre est grand » plutôt que « je suis petit », cela signifie donc que je le considère comme mon enseignant. L’humilité est aussi la reconnaissance de la place du divin, de sa puissance.
Ce qui est compliqué, c’est d’être humble face aux autres, car il faut avoir suffisamment d’amour et de respect pour soi pour pouvoir se mettre sous l’autre, pour le voir « grand ».
Nous avons tous une place
Il faut s’attacher à comprendre les autres pour mieux les respecter. Trop souvent, on confond les actes et l’homme qui les a accomplis, or, il est important de toujours le respecter, il est le produit d’une vie. « Mets les chaussures de celui que tu juges. Est-ce qu’avec toutes les données qu’il avait, tu aurais fait mieux que lui ? » Dans la peau de l’autre, je ne peux plus le juger. Je deviens humble.
L’humilité est nécessaire pour le développement de la conscience. Les grands mystiques en ont beaucoup comme St François d’Assise, mais aussi Pierre Rabhi plus récemment. Il « est », il reconnaît sa place, il ne veut pas plus, il est dans la simplicité.
Nous avons tous une place. Nous ne sommes ni au-dessus, ni au-dessous de qui que ce soit.
2 – La bonté
La bonté conduit au bon, au beau, au bien. C’est une qualité personnelle que l’on peut développer et une qualité divine qui nous est donnée. Quand nous sommes bons, nous nous connectons à notre partie profonde et augmentons notre conscience.
Être bon, c’est « donner » sans attendre de retour. Souvent, on assimile cela à la bêtise, à cause de la gratuité des actes, mais aussi parce que la personne qui est « bonne » ne se défend pas en cas d’agression. Pour les taoïstes, mieux vaut paraître bête. C’est juste une question d’apparences.
La bonté est un ensemble de mécanismes
– Je fais confiance à celui qui vient, sans à priori.
– Je pense à bien avant de penser à mal.
– C’est la culture du sourire.
– Des actes de prévenance, d’attention à l’autre. Des fois plus qu’à soi-même.
– Des dons gratuits de façon spontanée, sans rien attendre en retour. Le don gratuit élève celui qui donne et celui qui reçoit.
– De l’amour pour l’autre, quel qu’il soit.
3 – La compassion
C’est la qualité de souffrir avec l’autre, de ressentir sa souffrance sans que cela ne résonne en nous. C’est plonger dans son émotionnel, pour comprendre, mesurer les dégâts, communiquer, mais sans en être affecté. Il faut de l’amour de l’autre mais aussi du calme et de la force intérieure pour compatir.
Souvent, on comprend mieux la souffrance si l’on a souffert soi-même. La question du sens de la souffrance est fondamentale pour ne pas être embarqué dans la douleur.
On est trop souvent interventionniste, alors qu’il suffit de compatir la plupart du temps. Vouloir prendre la douleur de celui qui souffre pour le soulager nous donne une bonne image de nous, cela permet à l’autre de faire la victime, mais ce n’est pas toujours lui rendre service.
4 – Le respect
Il faut sortir de l’émotionnel pour arriver à respecter l’autre. Je ne dois jamais intervenir dans une situation tant que ne suis pas calme et dans mon axe. C’est difficile. Le respect est lié à l’admiration et à la considération de ce qui existe. Je donne une place à chacun, à la vie, à chaque chose. La personne respectueuse n’intervient pas dans la vie des autres, elle gère sa propre vie, et c’est déjà beaucoup.
Le respect est multiple
– Il est important de développer le respect de soi-même. Souvent, jeune, on ne fait pas les bons choix par ignorance, puis, petit à petit, on s’écoute et on change sa vie. On commence ce travail vers 40-50 ans.
– Il faut aussi respecter les autres. C’est mon passé douloureux qui vient alimenter le respect de l’autre. Si je n’ai pas souffert, je ne vois pas que je peux faire souffrir l’autre par mon comportement. Et je ne peux pas voir que l’autre peut souffrir, tout simplement.
– Tout en n’oubliant pas le respect de la nature, de la vie, de l’environnement. C’est propre à l’humain de détruire gratuitement, le niveau d’une société se mesure à son niveau de respect de l’environnement.
– Le respect du silence montre le niveau élevé de conscience de celui qui le pratique. La personne qui parle tout le temps est profondément irrespectueuse.
5 – La Justice, la justesse
Ces notions viennent du droit, de ce qui est conforme à la loi. Pour les Taoïstes, c’est la loi de la nature invisible, de l’esprit, du divin. Les lois du visible sont injustes, basées sur le jugement, la morale. La véritable justice n’appartient pas à l’homme.
Les lois divines sont simples et peu nombreuses, il y en a deux : aime et respecte. C’est tout. Les lois humaines pallient le non-respect des lois divines, car les hommes sont trop éloignés du fait spirituel. Il faut être conscient que plus il y a de lois, plus c’est injuste.
Ce qui est juste induit de l’équilibre à l’intérieur de soi, pour cela, il faut être incarné, dans son corps. On peut travailler l’équilibre physique pour mieux sentir ce qu’est la justice.
6 – Le pardon
– Pardonner nécessite de prendre du recul, de ne pas prendre l’offense pour une affaire personnelle, et de voir la faiblesse de l’autre à travers l’offense. On peut se pardonner à soi-même ou à quelqu’un, mais dans les deux cas, il faut de l’amour de soi et/ou de l’autre. C’est compliqué d’aimer son ennemi, si je lui pardonne, il ne l’est plus.
– Demander à l’autre son pardon : on peut s’excuser, mais on n’attend pas de l’autre qu’il nous pardonne, c’est trop autoritaire, on le forcerait à adhérer à notre logique. Le pardon doit venir du cœur.
– On n’a pas à se pardonner, ça voudrait dire qu’on a fait une faute, or, il faut juste s’aimer. Mes fautes sont le résultat d’une logique, j’en fais et tout le monde en fait. Je dois en être conscient, je les reconnais, je m’aime comme ça et seulement dans ce cas, je peux évoluer dans mes comportements. Si je culpabilise en pensant que c’est mal, je bloque le changement.
– Si je connais la nature des hommes, identique à la mienne, je pardonne plus facilement.
7 – La Contemplation
À l’origine, c’est créer un temple, puis contempler sa beauté, issue du divin. Le beau dépend du regard, quand je vois le beau, je crée le sacré. C’est la facette collective de l’émerveillement.
Il faudrait réussir à trouver le même « beau » tous ensemble. Si on se réunit, ce qui est nécessaire pour être dans la contemplation, on crée du beau, on met de la lumière, ensemble, on élève la conscience, ça nourrit le corps et l’esprit.
8 – La gratitude
Quand on perçoit les liens forts que l’on a avec les gens qui nous entourent, on développe sa gratitude. Ce n’est pas « remercier », c’est avoir la conscience que, sans les autres, on ne pourrait rien faire. Ce qui donne corps à la communauté.
Selon les moments, on se sent seul ou on se sent en lien. Il faut avoir de la reconnaissance vis à vis des autres, plus je prends conscience de ma dépendance, plus ma gratitude augmente.
La meilleure manière de prier est de remercier
En Asie, il n’y a pas de remerciements qui s’expriment concrètement, la gratitude, la reconnaissance, sont des états d’être présents en permanence. Ça modifie le comportement en société.
« Remercier », c’est dire « nous sommes quittes », ça coupe la relation. La gratitude, c’est se réjouir du lien (qu’on ne coupe pas). Il est important de s’entraîner à remercier intérieurement et pas seulement à l’extérieur, en apparence.
9 – Le courage
C’est avoir du cœur, mettre du cœur dans ce qu’on fait, faire les choses avec le cœur. Du coup, on peut repousser certaines limites.
Le courage permet de passer à l’acte, il n’est jamais égoïste, il concerne très souvent autrui. Toujours empreint de bonté, de compassion et d’amour de l’autre. Il demande de l’énergie, de la force, car ça coûte de mettre du cœur à ses actions.
10 – La curiosité
La curiosité permet de « prendre soin », de porter de l’attention à l’autre. C’est un mouvement vers l’autre, je fais attention à lui. C’est un moteur important qui sert à apprendre, progresser, discerner, chercher et à long terme, survivre. C’est l’antichambre de l’émerveillement, la porte de la liberté, on est libre quand on est curieux.
Elle se travaille dès l’enfance et doit concerner toutes les choses du quotidien ou de l’univers, elle doit être la plus large possible. Mieux vaut faire en sorte que l’enfant découvre par lui-même que tout lui apporter sur un plateau d’argent.
11 – Humour
Ce terme vient de « humor », eau, humidité, les humeurs, bonnes ou mauvaises. L’eau est en nous et c’est nous qui la transformons en positif (humour) ou en négatif (humeur).
L’humour fait rire, il défait les stagnations, il fait circuler, il détend le Qi du foie et le diaphragme. Il aide à développer la compassion, la bonté. Il permet la lutte contre le découragement et la tristesse des prises de conscience.
On peut choisir de développer l’humour envers soi-même, ce qui conduit à sourire tout seul très souvent, mais aussi évite de tomber dans la moquerie et dans l’irrespect envers l’autre.
12 – La confiance
Notre niveau de confiance en nous, en la vie, en les autres est très variable, il n’est pas facile d’en avoir tout le temps et cela concerne tout le monde. Dès que je perds confiance, je m’isole, il faut donc être vigilant à rompre les enfermements dans lesquels nous pouvons être. L’isolement ne doit pas durer trop longtemps car la dimension collective de la vie humaine est fondamentale et l’existence sociale est essentielle pour la santé mentale.
La confiance s’appuie sur un lâcher prise
Sur un abandon, il y a de l’inconnu, du risque sans contrôle. Elle est toujours trahie un jour ou l’autre et il faudra refaire confiance pour éviter les blocages émotionnels.
C’est un niveau de foi, elle se travaille physiquement par la relaxation et la persévérance ainsi qu’en s’entraînant à faire des choses simples et évidentes qui facilitent la réussite, surtout chez les plus jeunes.
Tiré de l’enseignement donné par F. Ducotterd au Cercle Taoïste Lyon
Desirdetre.com Le blog des clés pour une vie plus sereine et saine
Marie Bertolotti
Bonjour Marie
Que dire …Merci…et curieux ,toutes tes publications me ramènent à l’enseignement taoïste… .
Magie de la Vie…
Merci infiniment
Dans le Tao, on trouve les mots importants pour aider à cheminer vers une vie “sereine”.
Mais avec le premier, l’humilité, j’ai du mal. Mon père avait tendance à confondre humilité et auto humiliation devant les autres ; c’est un mot qu’il faut manier avec grande prudence. Pour moi, je l’ai dorénavant banni de mon vocabulaire car il me rappelle trop de souffrances.
La bonté, bien sûr, dans une société où tout a tendance à se marchander. La compassion qui permet de comprendre qu’une personne qui semble souffrir refuse les calmants (car la douleur lui permet de sentir qu’elle est encore en vie) ; à l’opposé, la compassion permet aussi de comprendre la personne qui a une très forte demande de calmants pour lutter contre sa douleur.
Le respect, aussi, qui place l’autre comme étant notre égal. La justice, quand ce n’est pas celle qui se cache derrière des montagnes de codes de la loi et de morales subjectives. Le pardon, ce n’est pas facile ; il demande qu’il y ait explication, compréhension, écoute, entente. Tant que l’on a besoin de notre ennemi, on ne peut pardonner.
La contemplation qui peut aller avec la méditation. La gratitude qui repousse l’indifférence. Le courage, bien sûr, la curiosité sans laquelle il n’y a pas de savoir. Et l’humour, toujours de l’humour, l’humour de soi, et l’humour du Tao.
Et pour se lâcher et rire, il faut se sentir en confiance.
Tout ceci est riche et sujet à discussion ; le lâcher prise c’est aussi l’indispensable prise de recul.
Il se dit des choses intéressantes à Lyon : j’ai raison d’y vivre.