Tous nos actes, toutes nos paroles et nos attachements sont faits de symboles. Trop attachés aux apparences et au premier degré, nous en avons perdu la compréhension.Dans cet article, je vous explique pourquoi il est intéressant d’approfondir le sujet.
De la nécessité de s’intéresser aux symboles
Accomplir un acte religieux ou recevoir un sacrement par tradition, par culture, sans en connaître le sens profond est un non-sens. Il est important de comprendre le rite au plus profond de son âme, c’est à dire de ressentir la force qui nous dépasse, qui nous relie à l’univers tout entier.
Cela ne peut pas se faire grâce à un cours magistral ou un livre, il ne s’agit pas non plus d’appliquer une morale dictée par des humains. En quittant le rite religieux, notre comportement et nos pensées doivent avoir été transformés.
Voilà pourquoi il est intéressant de lire (ou relire) les livres saints mais au second degré car les évènements qui y sont racontés ainsi que les paroles des prophètes y sont essentiellement métaphoriques.
L’importance du second degré
Pour certains, les miracles de Jésus ont eu lieu, pour d’autres non. Personnellement, je ne sais pas, et ça ne m’intéresse pas. Je préfère découvrir chacun des messages qui sont donnés dans ces paraboles pour nous aider sur le chemin intérieur de l’éveil. Voici quelques exemples de métaphores :
Jésus et ses exploits
Il est dit dans la bible : « Lorsque vous vous dépouillerez de votre honte, que vous ôterez vos vêtements et que vous les piétinerez, alors (…) vous n’aurez plus peur ». Jésus ne se promenait pas nu. L’habillement représente ici les apparences et fausses identités que l’on se fait de soi-même en s’identifiant à un rôle, une profession…
Jésus aurait-il marché sur les eaux du lac Tibériade ? Il nous est juste expliqué par cette action emblématique que le monde matériel et affectif n’a pas de prise sur lui. Les eaux du lac représentent la mère, dont il nous dit qu’il faut se détacher, comme de sa famille, de sa ville, de sa culture, des autorités. Le chemin pour nous tous est de ne plus agir par attachement affectif mais par amour de soi et de l’autre.
Quand l’on dit que « Dieu s’est fait homme », c’est surtout pour que l’on prenne conscience que le divin est en chacun de nous, et que nous pouvons tous atteindre la “divinité” de Jésus, c’est à dire son niveau de conscience et d’amour. Chacun a ce pouvoir.
Notre inconscient et la vierge
C’est dans le désert que la puissance de Yahvé est la plus manifeste, endroit où il est dit aussi qu’il est l’habitacle du démon dans le nouveau testament. En fait, le désert représente la partie de notre psyché qui est inconsciente et qui nous manipule. En prendre connaissance permettrait l’individuation, la rencontre avec son âme.
La vierge sainte des chrétiens conçut le Christ par le fait de l’Esprit Saint. Que de moqueries sur le sujet ! Mais la virginité caractérise ce qui est pur, intact. Être vierge est, en effet, ne jamais avoir eu de relations sexuelles mais au sens second, cela s’applique à ce qui n’est pas corrompu.
Chacun son temps d’apprentissage
Mais alors pourquoi ne pas parler franchement ? C’est vrai ça, pourquoi ne pas appeler un chat un chat ? Parce qu’il est recommandé de ne pas enseigner à celui qui n’est pas prêt, de ne pas dire à celui qui ne peut entendre. Les maîtres spirituels orientaux attendent que les disciples viennent à eux et posent des questions.
Une autre façon de faire est d’utiliser le langage des contes ou celui des paraboles. L’enseignement passe alors par la bande, lentement mais sûrement. Et si ça bloque sur un problème de virginité, c’est qu’il faut encore un peu patienter…
La fermière et la foi
Cette fermière-là allait de mal en pis
Après trois médecins et quatre guérisseurs, on fit venir le prêtre. Quand elle le vit, la femme éructa un juron et fit un geste obscène. Le curé se tourna vers le mari en pleurs. Il lui dit, les sourcils froncés :
– Mon ami, le diable est en elle. Seul pourrait la sauver un bout de la Vraie Croix.
Le fermier (il aimait sa femme) essuya ses yeux, se moucha, et s’en alla chercher au hasard des chemins la fameuse relique. Aux laboureurs des champs, aux femmes sur les places, aux portes des églises, partout il demanda où trouver ce saint bout. Personne ne put le lui dire.
Un soir, découragé, il s’assit dans un pré contre le soc rouillé d’une vieille charrue. Lui vint alors une idée simple, quoique pas mal désespérée. Il ouvrit son couteau, entailla le manchon de la charrue bancale, préleva une écharde et s’en revint chez lui.
Quand il fut revenu dans la chambre au chevet de sa femme
– Regarde, lui dit-il, j’ai trouvé un fragment de la croix où Jésus mourut pour nos péchés.
L’ensorcelée, bouleversée, prit le morceau de bois, le serra sur son cœur.
Aussitôt un démon lui sortit de la bouche, brandit un poing rouge et lui brailla:
– Si tu n’y avais pas cru, bougresse, même un train de charrues ne m’aurait pas chassé !
Cette allusion soudaine à ces humbles outils surprit un bref instant la bougresse en question, mais elle l’oublia vite.
Une goutte de foi dans un grand bol d’espoir contre les maux bizarres et les reins pessimistes, on n’a jamais trouvé remède plus puissant.
Henri Gougaud, l’Almanach
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Marie Bertolotti