Pour la diététique chinoise, la digestion est assimilée à une cuisson et elle demande beaucoup d’énergie. L’estomac a pour mission de recevoir les aliments, de les fermenter et de les cuire pour les transformer en une bouillie alimentaire. Il sécrète les enzymes dont il a besoin pour digérer les divers aliments et, pour que la saccharification de l’amidon se fasse, il faudra une température de 38° à 41°C environ. Cette chaleur est nécessaire pour une transformation et une assimilation correcte des aliments. D’où la nécessité d’ingérer des aliments qui ne puisent pas trop dans l’énergie de l’organisme.

Plus on consommera d’aliments froids, mais également d’aliments crus, plus il y aura une dépense énergétique importante pour pouvoir les réchauffer, avant que le processus de digestion-cuisson puisse commencer.

La Nature des aliments

Les aliments sont classés selon leur Nature en cinq catégories : Froide, Fraîche, Neutre, Tiède et Chaude. Cette classification peut se rapporter à la température de consommation de l’aliment mais surtout à l’effet thermique qu’il produit dans le corps, une fois ingéré et assimilé. Les aliments de nature fraîche ou froide, ayant pour tendance à rafraîchir l’organisme, risquent d’en faire autant avec le contenu de l’estomac, ralentissant voire entravant la digestion. Au contraire, des aliments de nature tiède ou chaude peuvent réchauffer et stimuler les fonctions digestives. Nous avons tendance en Occident à consommer beaucoup d’aliments de nature froide : ceci affaiblit le feu digestif (i.e. le métabolisme) et favorise la fatigue, la formation de mucosités (glaires, mucus, …) ainsi que la prise de poids.

Le concombre

À titre d’exemple, le concombre est l’un des aliments les plus froids en diététique chinoise. Nous le consommons principalement en été et en automne afin de rafraîchir l’organisme lors des périodes chaudes. Cela est tout à fait convenable en très petites quantités et accompagné d’aliments cuits et chauds car nous ne vivons plus vraiment en contact réel avec notre environnement et ne sommes plus soumis aux écarts importants de température grâce à la climatisation et au chauffage. Une consommation minimale de concombre cru peut être appropriée lors des canicules mais la quantité ne dépassera pas 20-25 cm3.

Pour ne pas affaiblir le feu digestif (i.e. la digestion) il est nécessaire de le faire cuire (le concombre sauté c’est très bon), pour modifier sa nature et ainsi mieux l’assimiler. Notons que la courgette, autre légume couramment consommé l’été et l’automne, est de nature fraîche, mais est, en général, consommée cuite.

Favoriser les aliments chauds et cuits

Cela signifie-t-il que l’on ne doive consommer que des aliments de nature tiède ou chaude et se priver des aliments de nature fraîche ou froide ? Certainement pas ! Certes, la digestion devant s’effectuer dans un contexte de chaleur, la diététique chinoise conseille de favoriser en général des aliments chauds et cuits. Mais l’effet de la nature de l’aliment se produit à un autre niveau. Ne consommer que des aliments de nature tiède ou chaude risquerait de générer trop de chaleur dans la sphère digestive. Par ailleurs, certaines personnes ont tendance à engendrer un excès de chaleur, constitutionnelle ou pathologique. Les aliments de nature fraîche ou froide participent à l’équilibre digestif et physiologique.

Modifier la nature d’un aliment

Différents facteurs sont susceptibles de modifier la nature d’un aliment. Ainsi, par exemple, le fait de griller le riz avant de rajouter l’eau pour le cuire (préparation pilaf) permet de « tiédir » la nature neutre du riz, le rendant plus facile à assimiler pour les personnes ayant une fonction digestive faible. Si la cuisson a tendance à réchauffer la nature d’un aliment, la congélation tend à la refroidir : l’aliment garderait en quelque sorte la mémoire du froid intense, même après cuisson. C’est probablement pour cette raison que la mode actuelle, qui consiste à passer les aliments directement du congélateur aux micro-ondes, semble favoriser la tendance aux troubles de type « froid » : frilosité, mains et pieds froids, fatigue après les repas, ballonnements, etc.

Équilibrer en faisant des associations

Il est possible également d’équilibrer la nature d’un aliment en l’associant à des aliments de nature différente. Cela permet d’équilibrer une nature trop froide ou trop chaude. Faites l’essai de manger crue la moitié d’une banane, dont la nature est froide, et dégustez l’autre moitié de cette même banane flambée au rhum et saupoudrée de cannelle. Outre la satisfaction de vos papilles, vous remarquerez que l’effet produit dans votre corps est différent. La nature froide de la banane, déjà « réchauffée » par la cuisson, est équilibrée par l’adjonction d’alcool et de cannelle, de nature chaude. À l’inverse, on pourrait prendre l’exemple du fameux gigot accompagné de sauce à la menthe des Anglais : la menthe, de nature fraîche, tempère la nature plutôt chaude de l’agneau.

Article complémentaire : La nature et l’énergie des aliments nous sont utiles

Comment utiliser la nature des aliments ?

Selon la constitution

  • Si nous sommes de constitution Yang (c’est-à-dire avec un excès de chaleur et un hyperfonctionnement organique), avec des signes de chaleur dans le corps, nous aurons intérêt à consommer des aliments frais et neutres et modérément des aliments tièdes. Il faut éviter les aliments chauds, mais aussi froids qui pris en excès entravent le feu digestif donc la digestion.
  • Si nous sommes de constitution Yin (c’est-à-dire avec un excès de froid et un hypofonctionnement organique), avec des signes de froid dans le corps, il est préférable de consommer des aliments tièdes et neutres, un peu d’aliments chauds, modérément des aliments frais et éviter à tout prix les aliments froids.

Selon le déséquilibre

  • Si nous avons une pathologie de type froid, il est préférable de consommer des aliments de nature tiède et neutre, parfois chaude. Il faut éviter les aliments frais et proscrire les aliments froids.
  • Si nous avons une pathologie de type chaleur, il est préférable de consommer des aliments de nature fraîche et neutre, parfois froide. Il faut éviter les aliments tièdes et proscrire les aliments chauds.

Selon la saison

  • En hiver, il faut privilégier les aliments tièdes et neutres, voire parfois chauds (avec modération car en excès, ils peuvent léser le Yin de l’Estomac).
  • En été, il faut privilégier les aliments frais et neutres, voire parfois froids (avec modération car en excès, ils peuvent léser le Yang de la Rate).

Selon les nécessités de la digestion

Si nous sommes en bonne santé et que nous voulons la garder, nous devons favoriser les aliments neutres et tièdes (mais sans excès pour cette dernière catégorie en cas de constitution Yang) ou des denrées de nature fraîche mais qui sont réchauffés par un mode de préparation adéquat, afin de conforter le Foyer Médian qui aime naturellement la chaleur pour assumer ses fonctions digestives (pendant la digestion, le bol alimentaire séjournant dans l’Estomac doit être à environ 38°).

Prévention

Au niveau préventif comme au niveau thérapeutique, le choix d’un régime va dépendre du profil de santé de chaque individu, que la médecine et la diététique chinoises analysent selon les principes du yin et du yang, du chaud et du froid, des cinq éléments etc. Les aliments, tout comme les médicaments, sont classés non seulement selon leur Nature, mais aussi selon leur Saveur : doux, salé, piquant, amer, acide. Ces saveurs ont des propriétés asséchantes ou humectantes que l’on utilise en cuisine pour agir sur les pathologies individuelles.

Que toutes choses prospèrent en paix.
雷宓谐 dit Michel Martorell
éditions CUNZAI, www.institut-wanxiang.com

Pour Marie Bertolotti – Désir d’être

L’institut Wanxiang est un lieu de santé de proximité où se soignent tous ceux qui le souhaitent, et un temps consacré à la prévention, et à l’éducation pour la santé.

 

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Marie Bertolotti
desirdetre.com