Nous vivons dans un des pays les plus riches du monde, et pourtant la pauvreté et la précarité augmentent d’année en année. La plupart d’entre nous ne se sentent pas concernés, et si on se trompait ? Et si nous étions tous vulnérables ?

Quid de la vulnérabilité ?

Que quelqu’un prenne soin de nous, dès la naissance, est la première chose dont nous avons besoin pour nous constituer en tant qu’être humain. C’est ce qui permet à tous les individus de se mettre debout pour devenir autonomes. Nous sommes tous construits par la bienveillance que l’on a reçue dans l’enfance et par la sollicitude que l’on a vu dans les yeux de nos proches à chaque chute. De ce soin reçu dans l’enfance, naîtra une attention, une bienveillance globale aux êtres, aux choses, à la nature qui durera toute notre vie.
À condition de ne jamais oublier à quel point nous avons eu besoin des autres… Parce que la vie ne se résume pas à nos jeunes années, nous aurons tous besoin, à un autre moment de notre vie, de soins et de bienveillance. Nous traversons ou traverserons TOUS, un jour ou l’autre, des moments de vulnérabilité. TOUS.
Le monde, la société, les partis politiques que ça arrange, nous répètent constamment : « Voilà les faibles, voilà les autonomes ». Diviser pour régner est leur méthode. Mais c’est faux. Nous serons tous un jour vulnérables. Prévoir le soin à autrui suppose de comprendre qu’il n’y a pas les individus indépendants d’un côté et des individus dépendants de l’autre. Nous sommes leurrés par la croyance que nous serons toujours du bon côté de la barrière.

Nous avons le choix

L’état de droit et des devoirs

Nous devons tous réclamer à l’état de mettre en place les conditions collectives pour que nous puissions TOUS traverser les difficultés dans de bonnes conditions. Pour que nous puissions tous s’en relever le plus facilement possible. De très nombreuses personnes pratiquent le soin à autrui, les pompiers, les infirmières, les médecins, les policiers, les aides maternelles, les instituteurs, les bénévoles, des citoyens lambda… Tellement de gens s’investissent dans la solidarité et dans la responsabilité commune de tous. Bizarrement, l’état en est à lutter contre eux en ne les soutenant plus, en diminuant leurs moyens et en niant leurs besoins. Nous avons le choix, nous pouvons voter, nous syndiquer pour que cela change, à minima pour que cela n’empire pas. Pas seulement pour les autres, mais pour nous aussi.

Les uns avec les autres

Choisissons de retrouver notre humanité ainsi que la sollicitude pour autrui. Nous pouvons revenir à l’idée de vivre les uns avec les autres plutôt que les uns contre les autres. Nous pouvons le demander à nos hommes politiques. Cessons de céder aux sirènes de la peur et de la division qu’ils diffusent, ne nous laissons pas embarquer dans des discours alarmistes prônant la haine de l’autre. Notre monde ne sera habitable que si la justice sociale est puissante, que si les plus fragiles sont protégés.

« L’épée de Damoclès demeurera suspendue, tant que chaque homme ne trouvera pas dans la société sa place, sa part, sa dignité. » Charles de Gaulle

Le modèle français d’après-guerre

Le programme du conseil national de la résistance CNR

Pourtant, nous étions bien partis socialement, je vous laisse lire la partie du programme du CNR de 1944 qui sert de socle au modèle français depuis 75 ans, il proposait, entre autres, de promouvoir des réformes indispensables sur le plan social :
– Droit au travail et droit au repos.
– Réajustement important des salaires et garantie d’un niveau de salaire qui assure à chaque travailleur et à sa famille la sécurité, la dignité et la possibilité d’une vie pleinement humaine.
– Plan complet de sécurité sociale, visant à assurer à tous les citoyens des moyens d’existence, dans tous les cas où ils sont incapables de se le procurer par le travail, avec gestion appartenant aux représentants des intéressés et de l’État.
– Sécurité de l’emploi, réglementation des conditions d’embauche et de licenciement, rétablissement des délégués d’atelier.
– Retraite permettant aux vieux travailleurs de finir dignement leurs jours.
– La possibilité effective pour tous les enfants français de bénéficier de l’instruction et d’accéder à la culture la plus développée, quelle que soit la situation de fortune de leurs parents…”

Le Préambule de la Constitution de 1946

Pour rappel tant qu’on y est :
« La Nation assure à l’individu et à la famille les conditions nécessaires à leur développement et qu’elle garantit à tous, notamment à l’enfant, à la mère et aux vieux travailleurs, la protection de la santé, la sécurité matérielle, le repos et les loisirs. Tout être humain qui, en raison de son âge, de son état physique ou mental, de la situation économique, se trouve dans l’incapacité de travailler a le droit d’obtenir de la collectivité des moyens convenables d’existence. »

En complément

Xavier Alberti, « Les jours heureux »
Cynthia Fleury « Le soin est un humanisme »
Vincent Lindon

Desirdetre.com Le blog des clés pour une vie plus sereine et saine
Marie Bertolotti