Le taoïsme met en garde contre les errements de l’ego. Tout ce qui le flatte est néfaste, tout ce qui le développe est maladif, tout ce qui l’amplifie est morbide. Il complique tout.

Chapitre XXIV du Tao Te King

Qui se dresse sur ses pieds ne tiendra pas longtemps debout.
Qui fait de grandes enjambées ne marchera pas très loin.
Qui s’exhibe ne rayonnera pas.
Qui s’affirme ne s’imposera pas.
Qui se glorifie ne verra pas son mérite reconnu.
Qui s’exalte ne deviendra pas un chef.
Ces manières sont, pour le Tao, comme sont les restes de nourriture et les tumeurs qui répugnent à tous.
Celui qui connaît la loi de la nature ne fera pas ainsi sa demeure. 

Comment agit l’ego ?

Comme pour celle qui se prend en selfie devant la Joconde, il me fait croire que je suis quelqu’un de très important. Il exige de moi toujours plus de paraître, d’honneurs, de richesses, de pouvoir, de plaisirs, d’argent et de superflu. Il est insatiable, n’est rien et veut tout.
Il provoque tous les processus d’appropriation et d’accumulation qui me prennent tant de mon temps, de mon énergie et de ma vie. Il m’illusionne, m’hypnotise, me manipule et m’exploite.

L’humain et son Ego sur-dimensionné

L’humain se croit supérieur. Quelle que soit la situation, il estime devoir passer prioritairement, sans obligations de responsabilités, de bienveillance et de protection.
A l’image des supermarchés vidés des biens de première nécessité dès qu’une crise pointe le bout de son nez. Ou bien de celle d’un chef d’état arrogant, attisant le feu par son comportement présomptueux, enfermé dans ses certitudes, manquant d’empathie et de bienveillance.

J’aime beaucoup le petit texte qui suit :
« J’ai entendu ma mère demander du sel aux voisins. Mais nous avions du sel dans la maison. Je lui ai demandé pourquoi.
Et elle m’a répondu : Parce que nos voisins n’ont pas beaucoup d’argent et souvent ils nous demandent quelque chose. De temps en temps, je leur demande aussi quelque chose de petit et peu coûteux, pour qu’ils sentent que nous aussi, nous avons besoin d’eux. De cette façon, ils se sentiront plus à l’aise et il leur sera plus facile de continuer à nous demander tout ce dont ils ont besoin ».

La simplicité du sage

Le sage vit simplement au présent. Il fait ce qui est juste pour que règne l’harmonie. La souffrance a peu de prise sur lui, il est détaché. Il n’a plus de désirs, plus d’émotions, le succès ne l’intéresse pas, ses échecs non plus. Il ne réagit plus aux circonstances. Il vit en étant éveillé, disponible, ouvert, il s’étonne et s’émerveille de tout. Cultivant une joie enfantine, profitant juste de sa vie dans le présent et la réalité.

Choisir l’humilité pour devenir plus sage

Le terme « Humilité » vient de bas, proche de la terre, humus. Est humble, celui qui se considère comme en dessous mais sans se déprécier. Celui qui pense que l’autre est grand et qui le considère comme son enseignant.
L’humilité est nécessaire pour le développement de la sagesse. Nous avons tous une place. Nous ne sommes ni au-dessus, ni au-dessous de qui que ce soit ou de quoi que ce soit.
Si quelqu’un se prétend sage et que vous le voyez agir dans son seul intérêt ou celui de sa famille ou de sa caste, c’est qu’il s’est perdu en chemin.
Le sage sait prendre la dernière place, naturellement, sans effort. Il peut être le perdant et se mettre en retrait. Un moyen d’entrer dans « l’humilité » est de céder, de faire en sorte de perdre dans les conflits vécus au jour le jour, de façon consciente et volontaire.

L’homme qui renonce à son ego individualiste et destructeur devient sage, il se relie alors à l’humanité, à la nature, à l’univers.

Le petit conte qui va bien

C’est l’histoire d’un petit bambou qui avait peur de la neige. Il pensait qu’elle était tellement lourde qu’il n’arriverait pas à la supporter.
Ce qu’il ne savait pas, c’est que la nature lui avait donné la possibilité de s’incliner. Et lorsqu’il se mit à neiger, il s’inclina.
Dans la forêt, tout devint blanc : la neige le recouvrait mais il ne se brisait pas. Et quand le soleil fit fondre la neige, le petit bambou récupéra sa forme initiale.

Pourquoi est-ce que je souffre ?
Parce que je ne m’incline pas.
Les problèmes, les situations conflictuelles sont là et s’accumulent jusqu’à risquer de me briser.
Mais les situations sont toujours passagères, rien ne perdure. S’incliner – non pas s’humilier – c’est ne pas résister.

Pendant que la vague de tourmente est là, pendant que le tonnerre gronde, que la grêle frappe, réfugiez-vous à l’intérieur de vous-même et priez.
Non pas pour demander : « Seigneur, épargne-moi cela ! » Non.
Mais plutôt : « Donne-moi la force de ne pas me briser contre cela ! Donne-moi la force d’accepter que cette situation passe ! »

Luis Ansa

Sources

“Le petit livre de la méditation” Jean-Claude Dumont
“Le Taoïsme” De Marc Halévy

En complément : Le taoïsme, une philosophie de vie

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Marie Bertolotti