Alice était connue pour son impatience, chaque fois qu’elle devait attendre quelque chose, elle devenait agitée et nerveuse. Elle tapotait constamment du pied et vérifiait frénétiquement son téléphone, incapable de rester calme. Ses amis plaisantaient souvent en disant qu’elle devait toujours être la première à tout, incapable de supporter l’idée de retard ou de délai. En réunion, elle interrompait souvent les autres pour obtenir rapidement des réponses à ses questions, incapable de tolérer un moment de silence. Son impatience avait souvent un impact sur ses relations, car elle pouvait sembler brusque ou impolie sans le vouloir.
Connaissez-vous une Alice ?
Moi j’en connais, et parfois, je suis cette Alice. Aujourd’hui, je vous explique pourquoi c’est important de savoir attendre, d’apprendre à gérer positivement l’attente et les manifestations de l’impatience. Nous verrons aussi comment faire pour développer la patience.
Tout prend du temps
Savoir attendre patiemment
L’attente est une des formes d’action les plus mal connues, car attendre est un acte, une attitude qu’il ne faut pas confondre avec la passivité. Cela s’apprend.
Celui qui le sait particulièrement, est le paysan. Il n’ignore pas que dans son métier, certaines activités dépendent de lui, comme les semailles et les labours, et d’autres non, comme la sècheresse ou la pluie. Sa volonté n’y change rien, il doit accepter que le monde extérieur fait ce qu’il veut, il doit être capable de l’attendre, sans s’impatienter.
De même, certains moments de nos vies exigent que le monde travaille à notre place et que nous sachions attendre le résultat de ce travail, sans chercher à l’accélérer ou à le remplacer par un acte quelconque. Il est inutile de pousser la rivière.
Tirer parti de l’attente
L’être humain doit savoir s’occuper en attendant que le monde déploie l’activité qui lui revient. Se concentrer sur les plaisirs de la vie et sur des activités positives et reposantes donnera de la force pour le moment où il lui faudra à nouveau agir.
Typiquement, les 4 saisons qui se succèdent indéfiniment nous montrent le chemin :
– Au printemps, mise en place de nouveaux projets
– En été, leurs concrétisations
– En automne, la récolte
– En hiver, le repli, le silence dans l’attente du printemps.
Il n’est meilleur homme que celui qui sait tirer le meilleur parti de l’attente, et non le pire, comme l’impatience ou la nervosité. L’homme noble profitera de l’attente pour planifier, organiser l’action à venir, pour rectifier les déséquilibres et rester ouvert aux changements de situation. Il se préparera au succès futur en ayant confiance, en gardant la foi, sans dramatiser la situation.
Le moment de l’attente est celui où une situation que l’on a fait germer doit se développer d’elle-même. On n’en est plus au moment où il faut semer, et pas encore à la récolte.
A faire
– Il faut juste rester tranquille, compter sur ce qu’il y a de plus stable en nous, pour garder nos forces. Rester dans le non-agir.
– S’armer de fatalisme, faire comme si on avait déjà fini d’attendre. Savoir jusqu’où on doit attendre. Rester aimable.
– Faire en sorte que l’attente fortifie, en faire une nourriture, une force.
À ne pas faire
– Espérer, vouloir, craindre, exiger, s’inquiéter, se laisser influencer par la peur d’un avenir improbable.
– Se précipiter dans l’action en se disant qu’on va faire mûrir de force le projet. C’est la situation qui doit mûrir, rien d’autre.
– Foncer tête baissée dans les ennuis.
Les manifestations de l’impatience
L’impatience est un trouble de la relation au temps, elle concerne celui qui veut, tout de suite, ce qu’il a en projet. Celui-ci vit alors, essentiellement, dans le futur, quand vous vivez dans le présent, vous ne pouvez pas être impatient.
Nous vivons dans un monde où l’on doit se projeter et avoir des rêves qui se réalisent vite. L’impatient est pétri par l’attente, les aspirations qui ne se réalisent pas, les désirs inassouvis. Il est déconnecté de la vie réelle, contrarié, irritable, frustré, déçu et souvent triste.
Il existe le niveau d’impatience normal, mais certains individus deviennent violents quand ils n’obtiennent pas ce qu’ils veulent immédiatement. Le problème est que quand les limites sont dépassées, l’impatient ne peut plus entendre raison, il ne se contrôle plus, son esprit n’est plus là. Il n’y a rien à faire tellement, c’est fort pour lui. Ces personnes sont dangereuses.
Comment travailler la patience ?
L’enfant, le jeune, l’adolescent doivent être éduqués à la frustration, car elle est le moteur de l’impatience. L’enfant frustré peut se mettre en colère, et même devenir violent. Pour autant, il n’est pas judicieux de lui céder, car il apprend la patience. Le frustrer est une preuve d’amour.
Votre petit rampe et désire son biberon placé à un mètre de lui ? Ne lui donnez pas systématiquement, laissez-le aller le chercher seul. Vous lui rendrez service.
De même, il est important d’apprendre aux jeunes générations à gérer des projets à “long” terme, à faire des efforts pour obtenir. Il s’agira, en fait, de leur apprendre à attendre et de les aider à devenir patientes.
Pour les taoïstes, l’idéal est de ne rien souhaiter, de ne rien attendre, de prendre ce qui vient, pas plus, dans le calme intérieur que tout est juste.
Le petit conte qui va bien
Histoire de la petite fille en colère
« Elle pleurait et se débattait tellement qu’il fallait aller la consoler… Mais aujourd’hui, j’ai préféré attendre. Qu’elle vive toute sa colère. Et j’ai réussi à ne pas me laisser entraîner dans son tourment. Je suis restée avec moi. Pas de câlins, pas de mots pour la distraire ou l’aider, pas la moindre attention. Simple attente…
Elle n’est qu’une enfant, c’est pourquoi elle est mon plus grand professeur, mon expérience la plus importante, mon introspection la plus difficile.
Nous nous mêlons trop, nous autres adultes. Avec trop de mots, trop de conseils, trop de « oui » inadéquats, trop de « non » prémédités. Nous avons si peur de faire trop peu… Mais c’est précisément « ce peu » que nous sommes appelés à accomplir. Avec amour. Ce qui est « en plus », distrait, désoriente, anéantit.
La mission la plus importante d’un parent est d’attendre. Délicatement. Et de n’agir que lorsque le moment l’exige.
La colère est passée. Elle est venue m’embrasser. Sereine, libre, calme. Comme la tempête. Quand elle arrive, elle, on ne peut que la regarder dans toute sa puissance. Puis elle passe. En laissant tout régénéré, propre, rafraîchi. C’est ce que les adultes sont appelés à être : Les gardiens des tempêtes ».
S’il n’y a pas d’erreur, ce texte serait de Elena Bernabè
Article tiré en partie de l’enseignement donné par F. Ducotterd au Cercle Taoïste Lyon et du Yi King Hexagramme 5 L’attente
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Marie Bertolotti