Ce qui nous semble le plus dangereux n’est pas ce qui nous tue le plus. Nous sommes nombreux à avoir peur des serpents, des araignées, des vols en avion… Sauf que si on analyse les statistiques, le risque n’est pas là où l’on croit qu’il est : Nous avons 6 fois plus de chances de nous tuer en tombant qu’en se faisant mordre par un serpent. 1730 plus de chances de succomber à une grippe que périr en avion.

Pourquoi une telle absurdité ?

La partie du cerveau qu’on appelle “le reptilien”a l’expérience de milliers d’années d’évolution. Il sait tout ce qui a pu nous permettre de survivre et la raison n’y peut rien. Au 19ème siècle, Darwin a tenté de ne pas réagir à l’attaque d’un serpent dont il était totalement protégé par une vitre. Echec, Il a reculé d’un bond quand le serpent s’est précipité sur lui.
Le cerveau reptilien serait responsable des comportements primitifs assurant nos besoins fondamentaux, il assure la survie de l’individu et de l’espèce. Il est responsable de notre instinct de conservation et de certains réflexes de défense.
Ce cerveau primitif entraîne des comportements stéréotypés, pré-programmés. Une même situation, un même stimulus, entraînera toujours la même réponse. Cette réponse est immédiate, semblable à un réflexe. C’est cette partie du cerveau qui nous ferait fuir devant un serpent ou une araignée

Le danger “invisible” et récent

Par contre, nous sommes incapable de réagir en cas de fuites de matières radioactives par exemple, sauf si on nous met au courant… Le reptilien ne reconnait pas ce genre de danger car il est trop récent, comme de nombreuses autres nouvelles technologies. Il nous faut donc procéder autrement pour juger d’une menace.

Comment fonctionnons-nous ?

Par exemple à l’annonce :” Est-il dangereux de manger des légumes traités par des pesticides ?” Que répondez-vous ?
Pour répondre objectivement, il faudrait poser une liste de questions hallucinantes à des experts, ce qui est impossible à faire. Sachant en plus que ce n’est pas le seul problème à résoudre que nous ayons.
Du coup, nous répondons très rapidement, à vue de nez, à l’instinct, du genre “ce n’est pas important, je les lave avant”, ou bien “je n’en mange que très rarement”.

Les émotions font leur job

Notre cerveau simplifie au maximum les données et utilise son ressenti émotionnel : Notre réaction sera différente selon que l’on parlera de produit “chimique”, “naturel” ou “bio”. Et pourtant l’amanite phalloïde est un produit naturel et bio !
De même, si un évènement est spectaculaire, son effet sur la peur est augmenté. Un crash d’avion est choquant en terme d’image, une maladie chronique du foie beaucoup moins. Et pourtant la 2ème tue beaucoup plus.
Le fait d’avoir été confronté à un danger modifie aussi notre perception. Si j’ai déjà eu un accident de voiture, je suis beaucoup plus réceptif à ce risque.
Notre âge joue un grand rôle dans la prise de risque, les jeunes pratiquent des sports périlleux sans angoisse mais n’aiment pas prendre des médicaments. Les plus âgés l’inverse.
De même, la menace nous parait plus grande lorsque nous n’avons aucun contrôle de la situation, en avion par exemple. Alors qu’en voiture, nous croyons contrôler…
Et surtout, le plaisir a sa part dans la prise de risque. J’adore voyager et je n’aime pas prendre l’avion… Mais j’adore voyager. Voilà.

Comment mieux évaluer les risques ?

1.Posez-vous les bonnes questions

Le risque est la probabilité qu’un évènement néfaste survienne ET que ses conséquences soient graves.
Une épidémie de grippe aviaire est en cours ? Suis-je vulnérable ? Comment se propage le virus ? Est-il vraiment contagieux ? Combien de personne en sont mortes ? …
Et seulement après avoir répondu à ces questions, cherchez à vous en protéger… ou pas.

2. Documentez-vous

Multipliez les sources d’informations.

3. Gardez à l’esprit que nous sommes influençables.

Attention à l’effet “troupeau de moutons”. Mieux vaut penser par soi-même dans la plupart des cas.

4. N’oubliez pas que les chiffres peuvent être trompeurs

Analysez-les objectivement.

Et prenez le risque de vivre pleinement…

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Marie Bertolotti
desirdetre.com