Le chemin vers le dépouillement
Longtemps, je me suis inscrite dans une logique d’apprentissage. Je souhaitais acquérir LA technique de plus, rencontrer LE professeur qualifié, perfectionner LA méthode déjà acquise. Et maintenant ? Il me semble qu’à présent, il va juste falloir VIVRE concrètement. Dans le Tao, il existe deux notions importantes : «le Ciel antérieur» par opposition au «Ciel postérieur». – Le Ciel antérieur est l’endroit d’où l’on vient avant la naissance. Le but de toute la pratique taoïste est d’y retourner. Lorsque l’on revient au « Ciel antérieur », il n’y a plus rien à toucher ou à accumuler. On est dans le mystère impalpable de la vie. – Le Ciel postérieur désigne, lui, le monde de la manifestation, de la matérialité et de la dualité. Le monde physique où nous sommes vous et moi. Celui des expériences difficiles qui nous font grandir mais qu’on déteste vivre par peur de la souffrance.
Grandir spirituellement
Alors, si le but est de retourner au « Ciel antérieur » selon les taoïstes, pourquoi ce passage par le « Ciel postérieur » ? Parce que pour grandir spirituellement, il est nécessaire d’avoir une base solide, matérielle, corporelle, physique. Il faut donc être indépendant, savoir subvenir à ses propres besoins et être inséré dans la société où l’on vit, à vivre des expériences très concrètes. Sans cela, la spiritualité est juste une fuite. Ce qui fonde le taoïsme est d’abord l’expérimentation dans la vie concrète et réelle.
Un arbre majestueux a besoin d’avoir des racines profondes pour s’ancrer solidement dans le sol et grandir vers le ciel.
Il me semble donc que je suis arrivée à un moment de ma vie où je pourrais me délester de tout ce qui me maintient dans la matérialité et la connaissance intellectuelle pour plonger dans la spiritualité. Mais… Je me trompe, c’est maintenant que je vais me confronter à la vraie difficulté.
La reddition totale
Avec tous mes enseignants, j’étais en confiance mais sur mes gardes, je leur donnais une partie de moi mais pas du 100%. J’ai toujours gardé une certaine distance, je crois d’ailleurs que j’agis ainsi avec tous, dans un souci de protection, pour ne pas souffrir. C’est maintenant le travail que je dois accomplir : la reddition totale, ce qui signifie plonger dans la difficulté de la vie avec foi. La confiance est attachée à ce qui est extérieur à moi. La foi est plus interne, sans support, sans principe, sans loi, c’est une confiance aveugle dans l’expérience vivante. Elle se vit dans le calme, sans doute et sans le besoin de se protéger de quoi que ce soit. Dans la foi, je choisi de lâcher le contrôle, je m’abandonne, je me jette dans le vide, c’est la vie qui pilote. Tout le monde peut sauter dans le vide.
Le conte à propos
Il était une fois un paysan sans malice nommé Obaku qui plaçait toute sa confiance en un moine zen. Ce dernier vivait dans une grotte creusée au flanc de la montagne. Quand Obaku était malade, si l’un des animaux de la ferme se blessait ou souffrait de fièvre, le fermier allait demander conseil à l’ermite. Celui-ci répondait invariablement : « Buvez, (ou faites boire à votre animal) une tisane de glycine grillée. » Et le malade, le blessé guérissait. Un matin, le cheval d’Obaku disparut. L’affaire était grave. Sans le cheval, la petite ferme courait à la ruine. Obaku dit à son épouse : « Je vais dans la montagne consulter le moine zen, luis seul peut nous sauver. » L’ermite, pris au dépourvu, réfléchit longuement. Enfin à court d’inspiration, il répondit : « Buvez une tisane de glycine grillée » La provision de glycine étant épuisée, Obaku partit aussitôt dans une certaine vallée, où elle poussait en abondance. Et là il découvrit son cheval, qui broutait tranquillement.
La foi est comme le soleil, elle change les couleurs du monde.
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